TERMES DE REFERENCE
- I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION
Depuis quelques années, le Cameroun fait face à plusieurs crises. Le contexte sécuritaire a vu le déplacement de centaines de milliers de personnes qui, ont trouvé refuge dans des villes et villages. Cette situation a créé une cohabitation forcée des populations qui a déclenché à son tour des tensions entre elles. La peur de l’autre, le rejet de la différence, les jugements, la stigmatisation. A cela s’ajoutent les attitudes, langages, les préjugés sociaux, les expressions ethniques, les discours haineux à travers les réseaux sociaux. Comme éléments favorisant les divisions et les conflits, on peut tout aussi citer les facteurs socioculturels, socio-économiques, sociopolitiques, religieux et réglementaires. Ce cocktail de facteurs qui a non seulement considérablement divisé les camerounais, mais en plus expose le pays à un repli identitaire et à un communautarisme exacerbé, fragilise le vivre ensemble et constitue de sérieux freins à toute initiative en faveur de la paix dans la Société.
En droite ligne avec ce qui précède, « CAMEROON TRIBUNE » Ier Journal à grand tirage et à capitaux publics titrait à sa UNE : en date du 10 Mai 2022 « Promotion de la paix. Que peuvent les confessions religieuses ? ». Cet article lançait un signal d’alarme sur le rôle des autorités religieuses dans ce contexte, précisait ce qui suit :
˝ Dotées de la personnalité morale et au contact quotidien avec les différentes couches de la population, les autorités religieuses ont un rôle important à jouer pour un retour à la paix dans les zones en crise, en sensibilisant, en conscientisant et même en dissuadant ceux qui veulent mettre en péril la paix et la cohésion sociale ˝.
Si nous nous en tenons au caractère circonstanciel de ces propos, surtout en rapport avec l’actualité dans les zones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, il est certain que les hommes de Dieu peuvent être perçus comme sapeurs-pompiers ; Pourtant leur mission divine s’inscrit dans une logique D’EVEIL SOCIAL sur toutes les situations où l’Homme tend à se confondre à l’animal dans ses rapports tant avec ses semblables et qu’avec son environnement. C’est donc dire qu’en tout temps et en toute circonstance, les autorités religieuses sont interpelées pour rappeler l’importance de la paix dans la construction d’un idéal de vie en société ainsi que le permanent recours à la tolérance. D’ailleurs sans la paix, aucun développement n’est possible. De ce point de vue, le développement durable et la paix forment un duo en or. On ne saurait avoir l’un sans avoir l’autre. Les populations aspirent à l’autonomisation économique qui se fait avec la progression et l’implantation des acquis économiques antérieurs de façon pérenne. Ce qui ne peut se réaliser qu’avec la paix avec soi-même, la paix avec l’autre, la paix, son environnement, dans l’acceptation et la tolérance des différences. 3
A cet effet, les communautés de foi comprennent l’urgence d’agir et décident de restaurer et accompagner, afin de déclencher en elles, des mécanismes de changements de comportements qui sont en faveur de la paix.
Depuis le début de la crise dite « anglophone », les Hommes de Dieu au-delà de la prière pour laquelle seul « Dieu agira en son temps », ont pris des initiatives diverses de mise en communs des idées. Des rencontres entre catholiques-protestants-musulmans-orthodoxes ont été initiées avec à la clé au moins un mémorandum sur les pistes de sortie de crise. Aussi, des actions internes propres à chaque confession religieuse ont étés menées. Chaque communauté a agi promptement faces à ces multiples fléaux, notamment la montée en puissance de l’extrémisme violent et du grand banditisme.
Malgré tous ces efforts multiformes, il est plus qu’évident que les facteurs de dégradation de la cohésion sociale demeurent importants d’où l’urgence et la nécessité de structurer les opinions, les désirs, les préoccupations, et aspirations de nos différentes couches de populations. Cette approche passe par la médiation, la sensibilisation, la conscientisation ; bref l’éveil. Il est capital de ˝dénicher˝ les facteurs potentiellement explosifs qui portent atteinte à la paix et à la cohésion sociale. Dès lors, notre engagement se veut permanent et non circonstanciel et ponctuel.
Par ailleurs, le CEPCA s’est approprié une démarche méthodologique qui vient s’ajouter aux actions existantes sur la prévention et l’analyse des conflits. Ce concept intitulé « NE PAS NUIRE » ne demande plus qu’à être vulgarisé au maximum et trouver ses ambassadeurs les plus dignes dans nos différentes communautés de base et organisations.
C’est dans ce contexte de la quête du bien-être des populations, que le forum interreligieux envisage tenir ses premières assises et se projette en rendez-vous annuel dans un cadre structuré à déterminer au terme de ce premier rendez-vous, en droite ligne avec la définition du bien-être au travail, selon laquelle « le bien-être est un équilibre instable entre la satisfaction des besoins matériels et la satisfaction des besoins spirituels de l’individu. Il est évalué dans l’exercice d’une activité intellectuelle ou physique ayant pour vocation de produire une réalité socioéconomique » (Mondo, 2014).
- II- OBJECTIF GENERAL
Les Leaders religieux et les Organisations de la Société Civile s’engagent à travailler ensemble en vue de la prévention et de l’apaisement des tensions sociales, et à favoriser la tolérance religieuse, ainsi que les diversités culturelles et cultuelles.
- III- OBJECTIFS SPECIFIQUES
– Conscientisation et engagement des leaders religieux et acteurs de la société civile sur la nécessité de veiller à l’effectivité constante du travail d’éveil social, de promotion des valeurs de citoyenneté, de paix et du vivre ensemble.
– Création d’un cadre permanent de travail représentatif des confessions religieuses et membres de la société civile pour la mise en oeuvre des activités de promotion de la paix et la cohésion sociale.
– Présentation et appropriation du concept « NE PAS NUIRE » par chaque organisation.
4
– Encouragement du Développement décentralisé des cadres de dialogues, de participation citoyenne et de médiation communautaires.
– Initiation d’un cadre de structuration et relais des préoccupations des populations aux élus, partis politiques, et au gouvernement.
– Exposition des enjeux de l’empreinte interreligieuse sur le bien-être au travail
- IV- RESULTATS ATTENDUS DU FORUM
– Une déclaration commune sur la paix et la cohésion sociale existe et est vulgarisée.
– Un cadre de concertation annuel est créé et rendu opérationnel.
– Une appropriation des objectifs spécifiques est transformée en plan d’activités.
– La présentation du concept « Ne pas nuire » est réelle et chaque organisation arrête un calendrier d’appropriation et de vulgarisation.
– Les leaders religieux et les organisations de la société civile conviennent de travailler main dans la main et l’organisation des caravanes de paix.
– Les leaders religieux et les organisations de la société civile se sont appropriés l’empreinte interreligieuse sur le bien-être au travail.
- V- LIVRABLES ATTENDUS
– L’Edition des Actes du Forum, compilant toutes les communications, résumant tous les échanges et rappelant toutes les recommandations et leçons tirées lors du Forum. Ces Actes ont vocation à être mis en ligne et à faire l’objet d’une large diffusion auprès de tous les Acteurs concernés ou intéressés.
– La signature de la Déclaration de Yaoundé des Confessions religieuses et les Organisations de la Société Civile sur la paix et la cohésion sociale, exhortant notamment le Gouvernement, les Partenaires au Développement (bi et multi), les Pays frères et les Organismes du Système des Nations-Unies de continuer à soutenir cette initiative en vue de son institutionnalisation.
- VI- LES PARTICIPANTS
Ce Forum réunira plus d’une cinquantaine de participants qui correspondent aux catégories ci-après :
– Le Conseil des Eglises Protestantes du Cameroun (CEPCA)
– Fédération des Eglises Evangéliques Pentecôtistes du Cameroun (FEEPEC)
– Le Conseil Episcopal National du Cameroun (CENC)
– Le Conseil des Imans et Dignitaires Musulmans du Cameroun (CIDIMUC)
– L’Association Culturelle Islamique du Cameroun (ACIC)
– Organisation des Femmes Pour l’Islam sans Frontière (OFIF)
– Les leaders religieux
– Le Service Civil pour la Paix au Cameroun (AGIAMONDO, GIZ, BROT FÜR DIE WELT)
– Le Service National « Justice et Paix » au Cameroun
– Le Réseau des Femmes de Foi pour la paix au Cameroun (REFFCAP)
– Le GogettersWomenAfrica (GOWA)
5
– Le Forum Interreligieux pour la Justice et la Paix au Cameroun
– Religions For Peace (RFP)
– Dynamique Mondiale des Jeunes
– L’Association des Communes et Villes Unies du Cameroun
– L’Association des Chefs Traditionnels
– L’Association des Femmes Chefs Traditionnels du Cameroun (FECTRAC)
– Le Programme Islamo-Chrétien en Afrique (PRICA)
– L’Association Camerounaise pour le Dialogue Interreligieux (ACADIR)
– Le Ministère de l’Administration Territoriale (MINAT)
– La Délégation Générale à la Sureté Nationale
– La représentation du parlement
– L’Université Protestante d’Afrique Centrale
– L’Université Catholique d’Afrique Centrale
– Organisation Catholique chargé du Développement (MISEREOR)
– Service Protestant de Mission (DEFAP)
– Pain pour Le Monde (PpLM)
– Les Représentations Diplomatiques
– Le Système des Nations Unies (PNUD, HCR, FNUD)
- VII- DATES ET LIEU
Le Forum aura lieu du 10 AU 13 OCTOBRE 2022 dans la Grande Salle Polyvalente du CEPCA, à Yaoundé (Derrière église ADNA/EPC, RUE CEPER).
- VIII- CADRE INSTITUTIONNEL D’ORGANISATION
Le Forum sera organisé aux plans technique, logistique et scientifique par les structures du Conseil des Eglises Protestantes du Cameroun –CEPCA-, avec l’appui du CENC, du CIDIMUC, l’Eglise Orthodoxe, l’Archevêché de Yaoundé et les OSC membres de Service Civil pour la Paix (SCP) au Cameroun.
- IX- AGENDA THEMATIQUE
Outre les traditionnelles cérémonies solennelles d’ouverture et de clôture, présidées à un très haut niveau, le Forum connaîtra quatre temps forts à savoir :
– Une session plénière au cours de laquelle seront faits notamment la Leçon inaugurale et un Exposé introductif portant sur la situation sécuritaire au Cameroun ;
– Des exposés thématiques en plénière ;
– Des ateliers thématiques ;
– La séance plénière de restitution.
6
L’agenda du Forum sera décliné comme suit :
EXPOSES EN PLENIERE JOUR 1 : MIEUX COMPRENDRE L’ENVIRONNEMENT
Thème 1 : États des lieux de la crise sécuritaire au Cameroun et défis de retour à la paix. (Paneliste 1)
Il s’agira entre autres d’aborder les problématiques suivantes :
– Quelle est la situation sécuritaire du Cameroun en faisant un bref rappel historique ?
– Quels sont les facteurs qui font perdurer ladite situation ?
– Quels sont les grands défis du Cameroun ?
Thème 2 : Quels rôles peuvent et doivent jouer les communautés de foi dans la promotion de la paix et la cohésion sociale ? (Paneliste 2)
– Rappel de l’antériorité des communautés de foi à la constitution de la forme de l’État du Cameroun
– Rôle sociologique des religions dans la structuration de la pensée ?
– La place des organisations religieuses dans un État Laïc comme le Cameroun ?
– Les prérequis pour une crédibilité comme acteur pour la paix
Thème 3 : Diplomatie laïque au service des communautés de foi : Synergie d’actions pour le vivre ensemble. (Paneliste 3)
– Montrer comment les communautés de foi peuvent bénéficier des expériences diplomatiques des laïques pour négocier la paix
– La place de la formation des religieux en technique de médiation préventive
– Quel modèle de médiateur à fabriquer pour la formation de la masse à la culture de la paix et de la tolérance
Thème 4 : Communautés de foi et plaidoyer stratégique. Quels enjeux pour le partenariat public-privé ? (Paneliste 4)
– Comment redéfinir les priorités dans la recherche des partenariats stratégique autour de la paix
– Comment faire comprendre à l’État et aux organisations internationales l’importance de l’implication des religieux dans la gestion des conflits
– Quel contenu pour un véritable partenariat public-religieux pour la culture de la paix et l’appui au développement
Thème 5 : Quels rôles, places et actions des femmes dans la promotion de la paix, le développement durable et la cohésion sociale ? (Paneliste 5)
– Les axes et la structuration des interventions
– Actions des femmes : Complémentarité ou concurrence
7
EXPOSES EN PLENIERE JOUR 2 : AFIN DE MIEUX STRUCTURER LES AXES DE TRAVAIL
Table ronde sur le thème : Quels regards et quels accompagnements des partenaires au développement en faveur des organisations de la société civile et les organisations basées sur la foi ?
– Comment implémenter et accompagner les actions en faveur de la paix pour un développement durable ? dans le cadre de la décentralisation, avec les autorités religieuses et organisation de la société civile.
– Quels accompagnements et appuis aux communautés religieuses pour les actions en faveur de la paix au Cameroun ?
– Les femmes chrétiennes, Actrices clés de la paix et du développement durable
– Comprendre les attentes des partenaires vis-à-vis du rôle des religieux et organisations de la société civile.
LES INTERVENTIONS
– Point de vue de l’Ambassade de Suisse
– Point de vue de l’Ambassade du Royaume-Uni
– Point de vue de l’Ambassade de France