Le projet «Action pour l’éducation à la citoyenneté et à l’intégrité des jeunes des quartiers défavorisés de Yaoundé», initié par le Cepca et qui a bénéficié du micro-financement du Catholic Relief Service(CRS), vise à sensibiliser les jeunes des quartiers de Komkana et de Melen à Yaoundé, afin qu’ils adoptent des comportements civiques et responsables. Au-delà de ces jeunes, c’est toute la jeunesse camerounaise qui est ainsi interpellée comme l’a reconnu le Secrétaire Général du CEPCA, le Révérend Philippe Nguete. Dans les quartiers à forte agglomération où se manifeste une certaine promiscuité, les jeunes se livrent à des activités telles que l’alcoolisme, la consommation des drogues, la prostitution, les vols et arnaques, les abus de confiance, avec en prime le manque d’une certaine identité pour certains. Ces jeunes exposés et impliqués, entrent généralement en conflit avec la loi et courent ainsi le risque de faire l’objet d’une altercation avec la police, pouvant déboucher sur un emprisonnement. Ils ont donc été édifiés sur le rôle de la police, des municipalités et des autorités traditionnelles dans la lutte contre la criminalité. Yvon Mabote, juriste et Expert en droits de l’homme du Ministère de la justice, a saisi cette occasion pour montrer aux jeunes comment leurs droits sont protégés dans le code de procédure pénale.
C’est donc dans ce cadre de la lutte contre les activités criminelles impliquant les jeunes que la direction de la jeunesse du Cepca a organisé ce 04 mai 2012 à Yaoundé, une conférence publique pour interpeller les jeunes sur les méfaits de la drogue. Cette conférence qui avait pour thème « Les jeunes et la loi : pour une approche collaborative entre les jeunes et institutions publiques de maintien de l’ordre et de répression pour la lutte contre la criminalité», avait pour but de créer un cadre d’échanges et de discussion entre les jeunes et les institutions publiques en charge de l’ordre et de la répression dans le cadre de la lutte contre les activités criminelles impliquant les jeunes. Selon le Directeur de la Jeunesse du Cepca, Bertrand Tientcheu, il s’est agi au cours de cette conférence de « présenter aux jeunes la loi non seulement comme un instrument de répression mais aussi comme un instrument de protection de leur dignité et de leur intégrité. Car en se livrant à des activités criminelles, ils détruisent leur personnalité, leur intégrité et leur dignité ». Les jeunes présents à cette conférence ont également visionné un film court métrage de 30 minutes intitulé « A qui la faute ? » qui présente le calvaire de deux jeunes gens enrôlés dans les activités illicites telles que la prostitution et la vente de la drogue. Bertrand Tientcheu, le Directeur de la Jeunesse protestante ajoute que ce film sera « un instrument de sensibilisation des jeunes » à travers des causeries éducatives, des discussions, des projections dans des quartiers, des églises. Il sera bientôt diffusé dans une chaîne de télévision camerounaise.
Au Cameroun, 60% des drogués ont environ 20 ans et 15% sont moins âgés. Ces données statistiques sont l’ uvre du comité national de lutte contre la drogue. Une enquête menée en 2002 par le chercheur camerounais Emmanuel Wansi révèle qu’à 15 ans, un jeune sur quatre avoue avoir consommé de la drogue au moins une fois dans sa vie. Une autre étude menée en 2008 auprès de 12 000 élèves du second cycle, dans les établissements scolaires de Douala, témoigne de l’addiction croissante des jeunes pour les substances illicites. Ils sont 60% à y avoir goûté. Leur emploi répété concerne 24% d’entre eux, les filles effectuant une montée fulgurante. Pour ce qui est de la consommation intensive, 8% en font usage plus de 20 fois par mois. Aujourd’hui, l’âge moyen de la première cigarette est 14 ans, selon les données disponibles auprès de l’Oms. Au-delà de l’alcool et du tabac, les jeunes détournent certains produits dont la colle de leur usage. Les médicaments psychotropes et des champignons hallucinogènes ont même fait leur apparition dans les cours de récréation comme le témoigne d’ailleurs le cas d’un réseau démantelé il y a quelques semaines au lycée bilingue de Yaoundé. Les week-ends, les vacances, les activités de décompression après les examens, surprises parties et autres sorties sont des moments propices pour sortir l’arsenal, avec des conséquences parfois dramatiques : diminution de la vigilance à l’origine d’accidents de la circulation, comportements violents, agressions, viols